Une semaine en Oisans

By Bertrand, 21 juin 2022

Redescente pluvieuse de l’Aiguille de la Dibona. Après cinq jours en haute montagne les esprits se délient et les pensées fuitent. L’Oisans nous a offert des instants de grâce. Glanés au goutte à goutte entre les intempéries. Patience et imagination nous ont permis de nous infiltrer dans le massif. En point d’orgue, à n’en point douter, la traversée de l’Olan qui, depuis les premiers regards posés dans le Valjouffrey, jusque dans son ascension, n’a cessé de nous éblouir. Sans oublier naturellement l’incoutournable Aiguille Dibona dont le pouvoir d’attraction est quasi irrésistible.

Redescente de la Dibona donc et ces idées qui filtrent. Partir une semaine n’est pas le plus efficace. C’est vrai, ce n’est pas efficace. On se soumet aux aléas météo, à la fatigue, on fait rupture avec ce qui nous tient. Nous troquons les fausses certitudes quotidiennes pour de vrais incertitudes physiques et concrètes. Nous troquons un monde quantifié, médiatisé et objectivé, pour une expérience incertaine, aléatoire et secrète. Mais n’est-ce pas là ce que la montagne a de plus beau à nous offrir ? Le cadeau paradoxal de réveiller nos imaginaires dans un univers on ne peut plus concret, d’aiguiser notre spontanéité malgré la nécessité d’un gros bagage d’expérience, d’exercer notre capacité de mobilité et parfois … d’immobilité.

À une époque où tout est de plus en plus planifié, programmé, organisé, pouvoir se perdre sera bientôt un délice et un luxe exceptionnels.

Gaston Rébuffat

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