Détours par le Sapey

By Bertrand, 6 juin 2020

Le Sapey est une merveilleuse falaise. Nichée dans une sauvage vallée des Aravis au pied de Thônes, elle est principalement orientée sud-est. Son versant nord-ouest est un contrefort du plateau des Glières. On y trouve un calcaire typiquement haut savoyard à prédominance dalleuse exigeant une grimpe en adhérence sur des sections bien lisses ou le long de cannelures acérées.

A l’heure de faire le choix d’une destination pour faire une grande voie à la journée le Sappey me vient immanquablement en tête. La falaise offre de nombreuses possiblités de grandes voies de qualité dans un environnement reculé et calme à l’abri de l’agitation de la ville. A force de proposer encore et encore cette destination j’en deviens critique envers moi-même, me jugeant dépourvu de toute imagination… Et pourtant.

Pourtant il y a un intérêt indéniable à faire des sorties répétées à une même falaise. Certes ces visites successives n’ont pas l’émerveillement d’une première rencontre mais plutôt le charme apaisant d’une initimité qui se crée. Chaque journée est l’occasion de constater les subtils changements que les saisons apportent à la nature. Tels la progression du feuillage des conifères, qui de semaine en semaine, gagne en altitude et en éclat ou encore l’arrivée des troupeaux de moutons, venus brouter l’herbe fraîche du col de la Buffaz, une fois la neige retirée.

Côté grimpe chaque sortie se révèle bien différente. Début mai avec Tim nous tentons l’Opium du peuple à la Pointe de Dran. Nous ferons deux longueurs bien dures avant de nous rendre compte que nous étions dans une voie inconnue à droite de notre projet. Rappels vers le bas donc et pause sandwich, au pied des voies, plus longue que prévue. Le 24 mai avec Béatrice (en novembre nous avions déjà grimpé ensemble quelque mètres à droite dans A capella…) nous optons pour Amadéus, une agréable escalade homogène en 5c juste à côté de la fameuse Woody Wood Pecker dans laquelle nous descendrons en rappel et qui effraiera beaucoup Béatrice, par ses dalles bien lisses et ses canelures tranchantes. Le 12 juillet enfin, direction la Pointe de Dran à nouveau avec Stéphane, pour Woody Wood Pecker. Relativement courte mais probablement l’une des plus belles au Sapey selon moi. Un bon engagement entre les points qui donne une satisfaction non dissimulée à chaque longeur grimpée même si le niveau est de 6a+ max. Je me revois encore visiualisant mon pied gauche dans les canelures ciselées, gagnant centimètres après centimètres, me concentrant sur lui au maximum pour qu’il tienne et que je ne finisse pas en chair à saucisse. Le pied 😉

What do you think?

Laisser un commentaire