Arête du Jardin – Aiguille Verte

By Bertrand, 21 octobre 2021

Lundi 11h, mer de glace. Le soleil brille sur la glace scintillante. Nous remontons lentement vers la gare supérieure du Montenvers. Nous devrions être rentrés depuis au moins dix-huit heures. Tout ne s’est pas passé comme initialement prévu.

Dix heures plus tôt, en pleine nuit, frontales sur le casque, nous débarquons fourbus au refuge d’hiver du Couvercle (ou dit autrement le refuge historique avec son couvercle de granite éponyme).

La Verte, fidèle à sa réputation, ne nous a pas épargnés à la descente. Nous avons vite renoncé au couloir Whymper, faute à une heure d’arrivée trop tardive, à la saison trop avancée et à une sécheresse intimidante. C’est à contrecœur que nous nous sommes engagés dans la descente de l’arête du Moine. Nous savions dès le départ que cela serait une solution longue et délicate. Nous ne nous étions pas trompés. Difficulté à trouver l’itinéraire, endroits très délicats à cause de rochers instables, longueur, brouillard, neige, rien ne nous aura été épargné. Jusqu’à ce coincement de corde fatal dans un torrent de cailloux et d’eaux qui nous oblige à en sacrifier les trois quarts.

Tout n’aura pas été simple jusqu’au sommet mais comparativement on pourrait presque parler de promenade de santé. Aiguille Verte, 4’122 mètres, Grande Rocheuse 4’102 mètres, Aiguille du Jardin 4’035 mètres, le parcours nous emmène sur cette grandiose arête reliant trois sommets de plus de 4’000 mètres avant de finir en apothéose sur le sommet de la Verte. Recherche d’itinéraire, passages glaciaires, escalade, longueur, tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette course une grande course.

Son envergure m’a même fait douter la veille en arrivant au refuge. Suis-je à la hauteur ? Ne devrais-je pas me contenter d’un objectif plus raisonnable ?

Retour sur la mer de glace. La descente après une telle course est rarement un moment de plaisir. Avec une nuit supplémentaire dans les jambes et les têtes, Stéphane et moi profitons du doux soleil du matin pour redescendre paisiblement vers la vallée. Nous questionnons le monde qui nous entoure, sur nos motivations, sur nos choix. Une chose est sûre, nous sommes heureux d’avoir croisé le chemin des montagnes dans des parcours de vie que rien ne prédisposait à cela. Et d’avoir su mettre l’énergie nécessaire à l’accomplissement de pareils projets.

One Comment

  1. lamothe dit :

    Merci pour ce beau récit et cette aventure inoubliable Bertrand ! Amicalement

What do you think?

Laisser un commentaire