Traversée de l’Obergabelhorn

By Bertrand, 28 août 2020

16h15, arrivée en gare de Zermatt. Une remontée express de la rue centrale de Zermatt plus tard, la caissière des remontées mécaniques nous annonce qu’il est trop tard pour prendre le dernier télésiège en direction de Schwarsee. Cela nous aurait économisé 600 mètres de dénivelé et plus d’une heure de marche. C’est entièrement à pied qu’il faudra avaler les 5h45 de marches annoncées par le topo pour rejoindre l’Arbenbiwak, niché à 3’200 mètres d’altitude sous la face sud de l’Obergabelhorn. Et quelque part, c’est mieux ainsi. Le chemin jusqu’à la cabane non gardée est un joyau de paysages luxuriants, changeants et naturels sous l’impressionnante face Nord du roi Matterhorn. Stéphane et moi philosophons tant et si bien que le rythme, sans être fatiguant, est élevé. Heureusement car j’appréhende un peu l’arrivée tardive au bivouac, le gardien nous ayant avertis de la présence de 13 alpinistes (sur les 15 places possibles), et je crains de déranger tout le monde.

La marche nous rend joyeux, voire euphoriques. Chaque sommet reconnu est l’occasion de se narrer nos aventures communes et bien sûr de rêver à de nouveaux projets. Nous en venons même à imaginer faire uniquement une halte au bivouac pour poursuivre de nuit notre ascension. Le seul problème envisagé ? Ni la fatigue, ni l’obscurité, ni les difficultés techniques… Comment manger nos céréales au petit matin sans bol ? Stéphane a la solution, en coupant la brique de lait en deux !

C’est tout de même très heureux que nous passerons la nuit au bivouac finalement en compagnie de deux suisses allemands uniquement. Les autres ont dû décider de décaler leur venue, tant mieux pour nous. Comme pressenti, le bivouac offre tout le confort nécessaire dont les deux joyaux sont sans aucun doute, une nuit étoilée à couper le souffle et un festin d’anthologie concocté par Stéphane : riz méditerranéen aux olives et poivrons. La nuit est agitée cependant, l’altitude et la fatigue se faisant ressentir.

Notre objectif est d’effectuer une traversée intégrale de l’Obergabelhorn. Tout d’abord par son arête Ouest, l’Arbengrat puis par son arête Est en passant par la Wellenkuppe avant de redescendre sur Zermatt.

Effectuer l’ascension dans ce sens offre la possibilité d’une course rocheuse intéressante à la montée dans du beau gneiss, qui sans être difficile techniquement, demande de l’attention et un peu d’intuition, suivie d’une descente très esthétique alternant rocher, glace et neige.

Cette descente nous paraît d’ailleurs beaucoup plus longue qu’attendu. Alternant rappels, désescalade dans du rocher scabreux, traversée de corniches et franchissement de crevasses, elle demande beaucoup de vigilance.

Après le Rivella de la Rothornhütte, c’est au pas de course que nous rejoignons la gare de Zermatt, conscients d’avoir à nouveau vécu des heures mémorables.

One Comment

  1. lamothe dit :

    Merci beaucoup pour ce magnifique récit, plein de finesse et de clins d’oeil:)))

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