Les Gorges du Verdon – La Demande

By Bertrand, 21 mai 2009

Parlez du Verdon à un amateur de grimpe et immanquablement vous produirez chez lui une réaction à la hauteur de ces falaises. Le Verdon est en effet l’un des sites incontournables de la grimpe mondiale, avec plus de 1000 voies recensées dont l’emblème est la falaise de l’Escalès, 300 m de haut et d’une raideur ininterrompue. Le Verdon c’est aussi une des grandes pages de l’histoire de la grimpe française ou des destins ce sont forgés et où les plus grands se sont illustrés. Patrick Edlinger en est probablement le porte-drapeau le plus illustre.

Vincent et moi avons décidé de venir nous mesurer à ce mythe.

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Les falaises de l'Escalès

Après une longue descente en voiture et une courte nuit au Formule 1 de Valence, nous arrivons à Moustiers. Afin de nous acclimater au calcaire du Verdon, nous suivons les conseils de Jean-Marc qui nous a orienté vers le Don de l’Aigle, une très belle voie, soutenue mais équipée, dans un paysage avec vue sur le lac de Sainte Croix.

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Vincent avec en fond les Félines (la falaise en forme pyramidale au premier plan)

Il s’agissait de notre première voie dans le Verdon et nous a permis de comprendre ce qu’étaient les fameuses gouttes d’eau 🙂 L’escalade si elle n’est pas mémorable se fait sur un rocher d’une grande qualité et permet une parfaite adaptation, pour nous autres parisiens.

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Vue sur le lac de Sainte Croix depuis les Félines

A la descente, nous avons fait une belle erreur lors des rappels car nous n’avons pas dévié assez sur la droite lors du deuxième rappel. Du coup nous nous sommes retrouvés dans la broussaille. Au vu des sangles en place, nous n’étions d’ailleurs pas les premiers. Il aura fallu une grande opération débroussaillage pour re joindre le bas de la falaise…

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Vincent au sommet, à gauche les gorges se découpent

Le lendemain, le grand jour est arrivé, direction la falaise de l’Escalès. Nous voulons grimper La Demande, la plus longue voie des gorges, haute de 300 mètres, qui suit une fissure naturelle du rocher dont la largeur s’écarte progressivement tout au long de la falaise pour finir en énorme cheminée ouverte. Il s’agissait pour nous de notre premier contact avec le grand Canyon du Verdon et je dois avouer que lorsque nous nous sommes penchés le matin vers les gorges pour la première fois, notre coeur s’est accéléré d’un coup ! Grosse claque…

Après cette grande émotion, nous avons entamé les rappels pour rentrer dans la gorge et rejoindre le sentier Martel qui longe le bas des gorges. Là est l’une des grandes spécificités du Verdon : les rappels se font au début de la journée, pour rejoindre le bas des voies, et l’escalade permet de rejoindre le haut de la falaise. A priori donc, c’est sortie par le haut obligatoire…

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Le Demande

La suite n’est que le bonheur d’une escalade vraiment très plaisante et dans une ambiance incroyable. Les points sont suffisamment espacés pour faire ressortir le caractère « aventure » de la voie; on pense très fort aux anciens qui ont ouvert dans des conditions dantesques. Et que dire de Patrick Berhault qui a désescaladé cette voie en libre ? L’escalade est variée: dalles, surplombs, murs verticaux, cheminées, dièdres, fissures, on retrouve beaucoup de styles très variés et ce dans une difficulté très homogène tout au long de la voie. Même si celle-ci cote 6a, il faut faire attention tout de même car l’engagement et la longueur de la voie changent un peu la donne. Personnellement les cheminées sommitales m’ont donné du fil à retordre principalement dû au fait de mon manque d’expérience dans ce type de terrain. J’ai un peu râpé mon sac à dos dans l’affaire…

Deux anecdotes me restent notamment à l’esprit :

Lors d’une longueur dans le premier tiers de la voie, je me trouve sur une partie raide et doit déplacer mon corps en arrière, vers le vide, afin d’apercevoir les prises qui me sont cachées par un petit éperon rocheux. A ce moment-là, alors que mon champ de vision s’agrandit sur les gorges, je vois un énorme vautour déployer ses ailes et flotter dans les airs à quelques mètres de moi. Ambiance !

Lors d’un relais en plein milieu de la paroi, sans aucune plateforme pour les pieds, le corps en plein vide au milieu de cet univers grandiose, je me rappelle m’être posé très fort la question : mais qu’est-ce que tu fais là ?

L’arrivée au sommet reste en tous cas comme un très beau moment de joie, après 300m d’escalade ininterrompue. Malheureusement nous ne gardons pratiquement aucune photo de cette escalade. En effet, devant la longueur de la voie nous nous sommes vraiment concentrés tout le long de l’ascension et n’avosn pas pensé aux photos. D’autant que nous devions retrouver Anne et Stéphanie le soir même à Aix-en-Provence, et que nous voulions éviter un trop grand retard à l’arrivée.

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Au sommet, un moment fort

Au final, la grimpe dans le Verdon est vraiment magique, et je ne souhaite qu’une chose, y retourner très très vite…

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