Les 3 cols

By Bertrand, 1 avril 2013

En alpinisme tout est affaire de montagnes quand elles sont belles, et de compagnons quand ils sont bons… disait Dominique Radigue, fondateur du magazine Vertical.

J’ai bien souvent cette maxime en tête. J’ajouterais qu’il faut également une bonne dose de moral. Que ce soit pour affronter les difficultés d’une course ou dans ce cas précis les caprices de la météo. Nous avions prévu de longue date un raid à ski dans l’Ortles, massif italien du Trentino Alto Adige. Risque d’avalanche, pluie, neige, tous les indicateurs météorologiques sont au rouge et nous invitent à changer nos plans. Seul ce mercredi 27 mars nous offre une accalmie propice au ski de randonnée.

Pris au dépourvu, nous fouillons parmi nos topos à la recherche d’inspiration et finissons par déplier définitivement la carte de Chamonix sur la table. Le terrain de jeu est immense et nous nous arrêtons sur le classique parcours des 3 cols.

C’est une immense chape de brume qui nous accueille au village du Tour. Malgré nos subterfuges pour repousser l’heure du départ, espérant une éclaircie salvatrice, rien n’y fait. Certes, depuis la Forclaz j’ai pu dénicher un bout de ciel bleu au-dessus de tout ce gris, mais le fond de la vallée reste tristement pris dans la nasse. Alors que nous pensions initialement au col du Tour Noir pour occuper cette journée, nous nous décidons finalement pour une montée à skis au refuge plutôt qu’en télécabine.

À la montée, c’est chacun son style. Théo opte pour le béret avec protège oreilles intégré, Do adopte le bonnet style capitaine Cousteau des temps modernes, tandis que Galliane et Stéphane essaient désespérément de me montrer comment ne pas avoir une tête de Télétubbies avec un buff. Peine perdue…

Le brouillard nous accompagnera tout au long de la montée. Seules deux petites éclaircies nous permettent de valider nos réflexions cartographiques, presque métaphysiques.

Confortablement installés au refuge nous guettons fébrilement une percée de soleil afin de pouvoir admirer le spectacle de faces nord qui nous entoure. Elle arrivera entre le plat et le dessert. Joie de découvrir ces immenses faces verticales, recueil de projets inavoués, mais aussi espoir d’un lendemain plus clément.

Au réveil nous sommes heureux de constater la fiabilité des météorologues chamoniards. Soleil et ciel azur. Le contraste avec la veille est saisissant.

Comme son nom l’indique l’itinéraire emprunte trois cols : le col du Chardonnet, coincé entre les aiguilles d’Argentière et du Chardonnet, la fenêtre de Saleina au pied des Aiguilles Dorées, à cheval sur la frontière franco-suisse et le col supérieur du Tour, contrefort de l’aiguille du même nom.

Le plus beau passage reste selon moi la traversée du glacier de Saleina. Nous pénétrons dans le calme sauvage de l’Envers des Dorées. Leur granit flamboyant nous illumine. Impossible de ne pas songer à la saison estivale qui approche. C’est la première fois que je repose les yeux sur ce versant depuis ma traversée avec Martin durant l’été 2008. Ma pratique a beaucoup évolué depuis, l’enchantement lui reste le même.

Merci à mes compagnons pour ces bons moments alpins. La liste des projets échafaudée durant ces deux jours a de quoi nous occuper pour un bon bout de temps !

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