La Meije – Voie Pierre Allain

By Bertrand, 15 août 2013

Certainement la voie le plus engagée que j’ai eu le plaisir de parcourir, et il n’en reste pas une trace tangible… Un geste maladroit à et mon iPhone disparaît, 1 000 mètres plus bas, reposer à jamais dans les méandres d’un glacier. Preuve s’il en fallait de la verticalité de la voie. Les impressions nées de cette ascension exceptionnelle sont quant à elles gravées à jamais dans nos esprits.

La voie Pierre Allain remonte le grand pilier sud de la Meije - nous avons opté pour une sortie par la traversée d'arêtes à droite du pilier

La voie Pierre Allain remonte le grand pilier sud de la Meije – nous avons opté pour une sortie par la traversée d’arêtes à droite du pilier

La Pierre Allain est un monument.

Une montagne : La Meije, reine de l’Oisans. Nul besoin de la célébrer davantage tant sa réputation est glorieuse. Dernière grande montagne des Alpes à être tombée au XIXème. Son sévère versant nord depuis La Grave ou son chaud granit doré depuis La Bérarde méritent à eux seuls un séjour dans cette région sauvage et attachante.

Une ligne : La Pierre Allain aurait pu être connue comme la directe de la face sud. Il s’agit de la première ascension remontant entièrement l’incroyable pilier sud de la Meije. Le rocher y est très bon sur tout l’itinéraire. Zigzagant, celui-ci cherche sans arrêt les failles de ce bouclier, au risque d’en devenir un peu paumatoire. Parcourir la Meije c’est aussi traverser ses arêtes. Une chevauchée fantastique à près de 4 000 mètres d’altitude.

Un homme : Ou plutôt deux. La voie est l’œuvre du duo Pierre Allain et Raymond Leininger. L’histoire retiendra principalement le premier. Après une ébauche en septembre 1934, avortée au niveau du glacier Carré, Pierre Allain est le seul des 4 compagnons de cette première heure à entrevoir la possibilité d’une sortie directe par le haut. Ce sera chose faite un an plus tard. Grand alpiniste français du XXème siècle, bleausard très actif, son nom reste gravé pour sa première en face nord du Petit Dru en 1935 (avec le même Leininger), ainsi que ses inventions révolutionnaires dont les fameux P.A., les premiers chaussons d’escalade (encore dénommé ainsi par de nombreux helvètes).

Voilà pour le cadre. Que dire de plus ? Que notre Pierre Allain était monumentale.

Deux refuges et deux gardiens : L’accueil au Promontoire est toujours aussi exceptionnel. Nous ne remercierons jamais assez les gardiens pour leur accueil et leurs conseils toujours avisés. C’est ma 3ème visite là haut en un an – certainement pas un hasard. La Meije c’est aussi l’accueillant refuge de l’Aigle à la descente. J’apprécie toujours autant ce havre de paix. Certes celui-ci a souffert des ravages du temps et sa remise en état est justifiée – espérons simplement que celle-ci respecte l’esprit de ce lieu si particulier.

Une cordée : Qui fait son bonhomme de chemin. On en avait rêvé l’an dernier à notre retour de la traversée. Bonne entente, complémentarité, confiance. Et il en faut pour sortir cette grande course. Un grand merci à Stéphan.

Un seul regret ! Si on l’avait fait un jour plus tôt, nous aurions grimpé dans les traces de Catherine Destivelle. Elle n’était jamais venue à la Meije et a dit aux gardiens du Promontoire vouloir rectifier cette grave erreur dans sa carrière d’alpiniste. Ceci en dit long…

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