Déferlante

By Bertrand, 20 décembre 2016

Les saisons passent et avec elles, les envies de découvrir la montagne sous un nouveau jour se renouvellent.

En ce début d’hiver les possibilités sont à la fois nombreuses et subtiles. Les belles chutes de neige de début novembre ont été séchées par le vent chaud du sud. Depuis de nombreux jours un puissant anticyclone et un froid sec règnent sur nos régions. Neige, glace, rocher, tout est envisageable au prix d’un peu d’imagination.

Après avoir rechaussé les skis sur le glacier des Grands-Montets en début de semaine, Stéphan et moi avons l’idée d’aller découvrir la rive gauche du glacier d’Argentière et ses cascades de glace. Actuellement cette face ne voit pas le soleil de la journée ce qui nous laisse penser que certaines lignes sont peut-être en conditions malgré un début d’hiver exceptionnellement sec.

Nous n’avons pas d’idées fixes en tête et voulons plutôt observer l’état des cascades. Stéphan et moi ne sommes jamais descendus dans cette section du glacier et nous choisissons une ligne de rappel qui nous amène largement en contrebas du secteur initialement désiré. A vue d’œil les possibilités sont très limitées. Seule Déferlante semble être grimpable bien que le bas de la cascade semble très mince à vue d’œil. Les autres lignes du bassin sont totalement sèches.

Pour rejoindre le pied de la voie il nous faut tout d’abord cheminer en rive gauche du glacier tout en restant à flanc de rocher afin d’éviter une éventuelle chute de sérac. Nous nous prenons au jeu et cheminons dans un parcours mixte amusant qui nous met en jambes.

Une fois au pied, la ligne semble en conditions correctes. Stéphan s’élance le premier et bute rapidement sur un ressaut fin avec peu de protections possibles. À son aise dans tous les terrains, la glace lui est un peu étrangère. Il se demande tout haut comment les glaciairistes trouvent du plaisir dans cette discipline
austère, aux protections aléatoires et où tout risque de chute est fortement déconseillé.

Gagné par le froid du glacier, je peine sur le moment à répondre à son interrogation.

Une fois mon tour venu de passer en tête je retrouve après une dizaine de mètres quelques automatismes et prend du plaisir à grimper cette belle ligne classique. Et trouve du coup la réponse à la question de Stéphan. Outre le côté éphémère des ces lignes, ce qui me plaît en cascade c’est la concentration de tous les instants que demande notre engagement. Chaque geste, chaque mouvement est mesuré, calculé. Cette intense présence que demande la cascade de glace nous rappelle l’importance du moment présent et du poids de nos choix. C’est un peu ce que nous cherchons chaque jour en montagne et que nous ramenons chaque soir dans nos villes et nos familles.

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