Face Nord des Courtes – Voie des Autrichiens

By Bertrand, 24 février 2015

J’ai beau être habitué à ce bassin d’Argentière, y pénétrer en vue de parcourir l’une de ses 3 grandes faces nord ne laisse pas indifférent…

D’autant que nous avons eu tout le loisir d’observer notre objectif, la face nord des Courtes par la voie des Autrichiens, la veille lors de notre montée au col du Tour Noir. La face nord nous écrase de toute sa grandeur. Qu’elle nous paraît raide et longue ! Et cette grande traînée de glace grise qui siège sur toute la partie médiane de la voie n’est pas sans m’inquiéter. Vu d’ici la voie des Suisses, le Lagarde ou la Ginat semblent en bien meilleures conditions. Mais nous sommes venus avec cette idée en tête et il n’est pas bon de trop tergiverser.

Arrivés au refuge nous ne sommes pas surpris d’y trouver une bonne dizaine d’alpinistes venus profiter du créneau de beau temps. Chaque cordée entretien un objectif différent et nous ne serons deux cordées aux Courtes le lendemain, l’autre cordée, des Fribourgeois, visant eux la voie des Suisses (normal pour des Fribourgeois me direz-vous !).

Je ne suis pas fan des généralisations à l’emporte pièce mais notre soirée au refuge vaut la peine d’une anecdote. L’équilibre des forces entre suisses et français fait que (le hasard ?) a mis 4 suisses à une table et 4 français à une autre. Réchauds à gaz, pâtes, couscous, notre table ressemble vite à un champ de bataille napoléonien qui aurait subit les intempéries des pires campagnes de Russie. Pendant ce temps, la table « suisse » reste désespérément propre et cosy …. Les clichés sont dangereux mais certains ont la peau dure !

Le reste semble affreusement habituel : courte nuit, approche à skis nocturne, crampons et piolets qui crissent dans une répétition incessante de gestes mécaniques. Après un peu moins de 10 heures d’effort à tracer notre voie sur cette grande face nord qui ne voit pas le soleil de la journée, dans des conditions tantôt bonnes tantôt délicates, nous retrouvons avec délice la chaleur du soleil sommital. Réconfort de courte durée car nous savons que la descente versant NE est probablement le moment le plus délicat de notre journée.

Alors que nous descendons prudemment nous sommes surpris de voir nos deux compagnons suisses à l’arrêt au milieu de ce grand toboggan de neige. Les conditions ne leur ont pas permis de skier la descente comme ils le projetaient et nous leur donnons un coup de main afin de leur permettre de descendre. Les rappels à 4 prennent beaucoup de temps et les conditions se prêtent mal à la désescalade. Résultat c’est à la tombée de la nuit que nous franchissons la rimaye. Le temps pour nous d’aller retrouver nos skis au bas des Autrichiens et c’est en pleine nuit que nous skions vers Argentière. Cela me rappelle forcément la descente nocturne de la mer de glace après le Lagarde l’an dernier. Comme si toutes les grandes faces devaient commencer et finir dans le noir. C’est à ce prix que nous pouvons goûter à ces quelques minutes de soleil, intenses.

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