Fschhhh fschhhh
Le ski gauche frotte la neige fraîche,
son voisin de droite le rattrape inlassablement.
Silencieusement nous nous immisçons sous le ciel d’ivoire,
que seules les étoiles osent perturber.
Ce monde est le nôtre,
mais il ne l’est pas tout à fait non plus.
Trop de glace,
trop d’espace.
L’homme est invité,
sa présence tout juste tolérée.
Au fil des minutes qui s’égrènent,
le corps trouve son rythme.
Pour s’inviter là-haut,
nous avons perturbé notre rythme ci-bas.
Rythme insensé,
de vies trop compressées.
Alors forcément, quand l’appel d’air est trop fort
les corps se tordent.
Malgré la douleur,
nous nous accrochons.
Aux promesses de la découverte,
de l’effort gratuit et du partage.
Nous savons bien que sous ses airs tenaces
c’est un océan de bonheur qui s’y cache.
Ski et montagne sont devenus notre espace,
tout le reste relégué en seconde classe.
Sous de faux airs immuables,
les glaciers nous murmurent leurs fables.
C’est un monde de glace qui crie,
une révolution climatique qui déchire.
Quelle est cette force qui nous pousse ici ?
Pourquoi sommes nous sortis ?
Que reste t-il ?
Quand le brouillard sur nous tombe,
que la neige est trop abondante pour les pentes raides, trop collante pour les doux plats glaciaires.
Que reste t-il ?
Quand les muscles et le dos crient pour un peu de repos,
alors que le chemin est encore si long
Si peu.
L’essentiel.
Il reste …
Une cordée isolée dans la brume.
Jamais perdue, jamais lassée, jamais résignée.
Il reste …
Jean-Baptiste qui nous guide.
Philippe qui prend soin de nous.
Tim qui n’oublie pas les siens.
Il reste …
Les chaussures coupées de Jean-Baptiste.
La crème solaire de Philippe.
Les skis troués de Tim.
Il reste …
Apprendre de la prudence de Jean-Baptiste.
Prendre tout avec humour comme Philippe.
Discuter littérature avec Tim.
Il reste …
Presque rien. Un fil.
Etre là, pour les autres, pour soi. Pour rien. Juste être.
Savoir partir. Savoir revenir aussi.
une aventure féérique et des souvenirs pour la vie. Merci les amis !