Bruno nous fait le plaisir d’une visite bernoise. Au cœur d’un automne pluvieux, même les falaises du sud de la France se voilent de leurs habits d’hiver. Dans ces conditions, nous choisissons d’explorer des contrées proches et de faire au mieux avec les aléas météorologiques.
Je gardais un souvenir lumineux de l’an passé des falaises d’Uschenen surplombant la vallée de Kandersteg. Après des lacets sinueux qui mettent à rude épreuve la C3 de Bruno, nous devons constater qu’une grande partie de la paroi est totalement trempée par les résurgences des pluies passées. Adieu les envolées d’Andromeda, bonjour le compromis du Zürcher Sportweg.
Une fois les pentes herbeuses, travaillées par les rudesses du climat local, remontées et passées les hésitations sempiternelles sur le bon départ, nous nous élançons dans un premier toit surplombant. Bruno et moi avons chacun eu notre lot de pépins physiques récemment. Après quasiment trois mois sans grimpe, cette première longueur nous pique à froid. Sans parler du vent qui nous rappelle que nous sommes en montagne.
La deuxième longueur, n’arrange pas les choses. Après une longue traversée très fine et technique, quinze mètres verticaux nous poussent dans nos retranchements techniques et mentaux. Sans entraînement rigoureux, pas d’illusion possible sur le rocher.
Les deux longueurs suivantes, même si un ton en-dessous en difficulté, complètent de très belle manière cette grande voie qui ne se donne pas si facilement. Un 6a en traversée d’abord, bien fin sur les pieds. Puis un gros 6b avec un passage réside dans des fissures et plusieurs pas très techniques sur des aplats discrets pour les pieds.
Les deux dernières longueurs offrent à la voie un peu plus d’ampleur et permettent aussi de remettre les pieds dans de belles cannelures travaillées par le ruissellement.
Entouré de parois abruptes recouvertes d’une neige précoce, de cascades qui plongent de plusieurs centaines de mètres, des eaux limpides de l’Oeschninensee, des rudes alpages du Kander et des sommets alpins de l’Oberland bernois, nous sommes à nouveau conquis par les lieux.
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