Conditions de rêve pour une course inoubliable

Conditions de rêve à la Meije

By Bertrand, 20 septembre 2012

Certaines courses de montagne ont une si grande réputation qu’elles en deviennent incontournables, inévitables. Elevée au statut de course mythique, la traversée de la Meije fait indéniablement partie de ce panthéon de courses placées par les alpinistes du monde entier sur un piédestal de granite.
Conditions de rêve pour une course inoubliable

Conditions de rêve pour une course inoubliable

Comment les discerner ? Certaines choses ne trompent pas. Lorsque Gaston lui accorde quatre pleines pages de son ouvrage sur les 100 plus belles, son écriture est guidée par une émotion non dissimulée : « On entre en Meije comme on entre en religion ».
Je comprends bien cette référence de Gaston. Aller à la Meije c’est effectuer un pèlerinage séculier dans un lieu qui compte dans l’histoire de l’alpinisme. Histoire brillamment relatée par Isabelle Scheibli dans « Gaspard de la Meije », livre passionnant qui relate la véritable course au sommet qui opposait britanniques et français dans les années 1870 pour s’octroyer la première du dernier grand problème des Alpes. Ceci à une époque où aller en montagne était considéré dans les campagnes de l’Oisans, au mieux comme une lubie, parfois comme de la sorcellerie.
Entrer en Meije c’est aussi pénétrer dans un univers dont les fidèles partagent les codes. Ceci je l’ai réalisé lors de notre première tentative avortée deux étés auparavant. Mes compagnons d’alors, bien plus expérimentés que moi, me parlaient avec engouement du « saut du crapaud », du « pas du chat », du « cheval rouge » ou encore du « chapeau du capucin », autant de passages reconnus et reconnaissables de cette grande course. J’avais alors la nette impression que l’accès au sommet ne pouvait se faire sans la connaissance de ces passage clés.
Bref, inutile de dire qu’une telle réputation impressionne. On se sent tout petit face à ce monument Meije. Plus que les murailles de granite de sa face sud ou les raides pentes albâtres de sa face nord, c’est son aura qui inspirait ma déférence. Mille questions envahissaient mon esprit ; et si je ne reconnaissait pas les passages clés ? ; et si je n’étais pas à la hauteur ; Pire ! et si je ne trouvais pas l’escalade particulière, au noble sens du terme ?… Car avec tant d’illustres prophètes et leurs louanges immodérées, la beauté de la traversée de la Meije n’est plus à démontrer. Mais saurais-je la reconnaître ?
Et bien oui…
Car tout dans cette course est grandiose. C’est tout simplement magnifique du début à la fin, de la Bérarde à La Grave en passant par le Promontoire, le Grand Pic de la Meije, le Doigt de Dieu et l’irremplaçable refuge de l’Aigle.
D’autant que les conditions en cette fin de saison étaient exceptionnelles : arête sèche, montagnes et glaciers plâtrés par les chutes de neige récentes, grand soleil, aucun vent, couleurs automnales en vallée.
Je retiens de cette chevauchée de beaux moments de partage, simples. La profonde gentillesse des gardiens du Promontoire qui font de ce refuge le plus beau des Alpes françaises (Frédy, le gardien a dormi dehors ce soir là pour permettre à un alpiniste de plus de profiter de la Meije en ce dernier week-end d’ouverture du refuge). Mais aussi l’excellente entente entre les cordées, que ce soit au Promontoire, durant la course ou lors de notre charmante nuit à l’Aigle d’où nous pouvions observer les cordées s’égrainer au clair de lune dans un dernier effort afin de rejoindre le réconfort de cet abri de tôle.
Pour faire une grande course il faut un grand compagnon et notre entente avec Stéphan était à nouveau parfaite. Réputée pour son exigence, cette course est un bon indicateur du fonctionnement d’une cordée. Stéphane et moi avons pu en profiter de bout en bout avec une bonne marge de manoeuvre. Si bien qu’à notre arrivée à l’Aigle nous avons décidé de nous y arrêter pour la nuit, non par nécessité, simplement pour profiter un peu plus longtemps de cet endroit unique, baigné des derniers rayons de soleil illuminant un Oisans aux teintes flamboyantes.
Merci Stéphan pour ta confiance.
Une pensée pour mes compagnons de la première heure à la Meije : je comprends encore mieux maintenant le choix de Jean-Marc et Fabien de ne pas tenter l’ascension en ce jour de grand vent ; la course est tellement belle qu’elle mérite d’être faite dans de parfaites conditions. Il faut donc y retourner !

One Comment

  1. B & T dit :

    On est toujours aussi fan 🙂 ! Magnifiques photos !

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